Grenoble, une politique de covoiturage ambitieuse… Et un exemple à suivre dans toute l’Europe ?

Panneau de signalisation indiquant une zone de covoiturage sur fond de ciel bleu.

123 communes. 640 000 habitants. Autant de territoires aux problématiques différentes. Et pourtant : une seule et même politique publique de mobilité cohérente. L’exemple du SMMAG : une vision intégrée de la mobilité au service des habitants du territoire.

Panneau de signalisation indiquant une zone de covoiturage sur fond de ciel bleu.

À Grenoble, le covoiturage n’est pas une solution de transport isolée mais bien un écosystème qui s’intègre de manière cohérente et complémentaire à l’offre de transports publics. Offre de transport qui inclut désormais 15 lignes de covoiturages express qui relient les territoires du Grésivaudan, du Voironnais et du Vercors à Grenoble.

Soit 23 arrêts répartis sur l’ensemble du territoire, pour desservir les 3 grands axes pénétrants de la métropole grenobloise…

“M covoit’ est le service public qui accompagne les restrictions réglementaires à l’usage de la voiture auxquelles font face les habitants (voies réservées, zone à faibles émissions). Notre objectif est que chaque personne ait accès près de chez elle à une solution performante et écologique pour se déplacer.”

Sylvain Laval, président du SMMAG

L’offre M : une vision intégrée de la mobilité

Réunis autour de la marque M, les différents modes de covoiturage sont pensés ensemble et articulés pour apporter des solutions lisibles et pertinentes aux habitants.

Toutes les formes de mobilité sont ainsi réunies sur une seule et même plateforme (transports en commun, vélo et trottinettes, marche à pied, covoiturage, véhicules particuliers et autopartage) avec comme unique objectif de lutter contre l’autosolisme.

À travers une identité visuelle forte et bien identifiée des habitants, la marque M donne corps à un projet de politique publique de mobilité cohérent et pensé en coopération avec les différents acteurs.

M covoit’ est ainsi complètement intégré à l’offre M et inclut 3 formes de covoiturage :

  • M covoit’ RDV : du covoiturage planifié avec des incitations focalisées sur certaines zones d’emploi. M covoit’ RDV n’est pas opéré par Ecov mais par Karos.

  • M covoit’ Lignes+ : du covoiturage en temps réel, opéré par ECOV. Il se traduit par un réseau de lignes de covoiturage structurantes avec une garantie départ et un partage de frais. Ces lignes sont pensées comme des lignes de transports publics avec des temps d’attente inférieurs à 10 minutes.

  • M covoit’ Pouce : du covoiturage spontané sans partage de frais, opéré par Ecov. Ce système permet de visibiliser les habitants pratiquant l’autostop avec des panneaux lumineux à boutons-poussoirs.


“Le développement de M covoit’ Lignes+ est l’une des politiques publiques les plus innovantes du territoire. Innovation technique, avec des lignes de covoiturage en temps réel intégrées dans l’Appli M. Innovation sociale, en mettant la coopération territoriale et la solidarité entre usagers au cœur de notre projet d’extension du système de transports publics vers les zones moins denses du territoire.”

 

Sylvain Laval, président du SMMAG

L’offre de covoiturage intégrée aux calculateurs d’itinéraires et à l’Appli M

En intégrant l’offre de covoiturage au Maas (Mobility as a Service), le SMMAG met en avant la complémentarité du covoiturage avec l’offre de transports publics existante. Cette complémentarité multi-niveaux se reflète aussi dans le produit, sur la plateforme visuelle de la marque M. L’offre des lignes de covoiturage est en effet intégrée dans les calculateurs d’itinéraires afin d’inciter les autosolistes à penser le covoiturage sur le même mode qu’un transport collectif. L’offre M covoit’ est également intégrée dans l’Appli M avec le pilotage du parcours passager et à terme, l’objectif est de pouvoir piloter le parcours conducteur au sein de l’Appli M.

“À l’heure où 60 % des Français vivant hors des centre-ville aimeraient se passer de leur voiture au quotidien mais ne le peuvent pas faute d’alternative, il apparaît clair que la fin du règne de l’autosolisme dépend largement de l’avènement d’un réseau de transport maillé, performant, fréquent et fiable sur les territoires. Pour y parvenir, il faut mettre le bon mode au bon endroit : si nous avons 300 personnes à transporter toutes les 10 min, privilégions un RER ; si nous en avons 30, optons pour le car express ; si nous en avons 3, déployons une ligne de covoiturage express. Un enjeu que la Métropole de Grenoble a parfaitement identifié comme le démontre la réflexion qu’elle mène, depuis plusieurs années, à nos côtés pour déployer une politique de covoiturage complémentaire aux autres modes de transport. Ensemble, nous prouvons à large échelle que le modèle des lignes de covoiturage express, lorsqu’il est intégré dans un système de mobilité global, est une solution d’avenir, viable et durable, pour réussir la transition écologique dans la France qui conduit / hors des centres-villes.”

Analyse Thomas Matagne, Président-Fondateur d’Ecov

 

Penser le covoiturage comme un transport collectif

À travers sa politique, le SMMAG conçoit le covoiturage en complémentarité avec l’offre de transports publics existante.

Cette complémentarité se traduit de 3 manières :

  • géographique : le service M covoit’ Lignes+ permet de proposer de nouvelles lignes pour desservir de nouveaux territoires, qu’il est impossible de desservir avec des transports en commun classiques fréquents. C’est notamment le cas de la ligne Saint-Martin d’Uriage / Saint-Martin-d’Hères, ouverte en avril 2022 ;

  • temporelle : l’intégration de lignes de covoiturage permet un renfort de fréquence. Par exemple la ligne entre Lans-en-Vercors et Seysinnet, complète l’offre de bus, qui ne circule que entre 1 et 2 fois par heure. Avec un temps d’attente moyen inférieur à 3 minutes sur l’ensemble du réseau, la ligne de covoiturage permet de pallier à moindre coût la faible fréquence des bus.

  • capacitaire et opérationnelle : la création de “doublons” transports classiques / lignes de covoiturage permet de renforcer la résilience du système. L’exemple parfait, c’est celui de la ligne Hôtel de Ville – Bernin les Cloyères. La ligne de car express dessert déjà ce trajet. Problème : en heure d’hyperpointe, sur une fenêtre de temps très réduite, l’offre de car express ne suffit pas à répondre à toute la demande. Plutôt que de rajouter des cars qui circuleraient pour un seul aller par jour, renforcer l’offre par M covoit’ Lignes+ permet de répondre de façon plus soutenable écologiquement et économiquement. Elle permet de doublonner la ligne pour augmenter la capacité d’emport et réduire le temps d’attente. La garantie desserte des Lignes+ est également un exemple parlant de l’articulation entre les lignes express et le car express puisque la garantie départ est désormais réalisée par les bus express en circulation.

Développer des usages vertueux des infrastructures (auto)routières

Le projet TRAPEZE vise à optimiser l’usage de 2 actifs incontournables des mobilités des Français : les infrastructures routières et autoroutières et les véhicules qui circulent sur ces infrastructures. Et ceci à travers : la fluidification et la régulation du trafic et l’amélioration du taux d’occupation des véhicules pour lutter contre l’autosolisme et ses externalités négatives.

TRAPEZE permet ainsi de développer à moindre coût une nouvelle offre de mobilités accessible à tous dans tous les territoires. Une offre conçue pour les usagers aujourd’hui, captifs de leur véhicule individuel, faute de solution alternative de transports collectifs. Et pour ce faire, vous l’aurez compris : l’infrastructure ne suffira pas. Il ne s’agit pas seulement de créer des voies réservées ; mais de concevoir des voies réservées efficientes et acceptées, au service des usages vertueux des infrastructures (auto)routières.

Applicable dans de nombreux territoires, TRAPEZE est ainsi le reflet de notre combat du quotidien : lutter contre l’autosolisme. Parce que c’est un levier incontournable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et autres externalités négatives liées à l’usage en autosoliste de la route (congestion, pollution).

Carte des lignes de covoiturage M' Covoit' Lignes+, montrant les arrêts, les parkings et les infrastructures pour vélos et transports en commun dans la région de Grenoble.
Carte des points de covoiturage à Grenoble et ses environs, localisant les principales zones de prise en charge et de dépose

Quid de la “garantie départ” ?

Pour assurer la garantie départ, les lignes de covoiturage ont aussi leur rôle à jouer. Les passagers du service de transport en commun sont ainsi assurés de pouvoir effectuer leur trajet, lors de grèves de bus par exemple. Et inversement !

Un ciblage fin du financement et des incitations au covoiturage

Le SMMAG mène une politique particulièrement mûre en matière de ciblage de l’argent public vers des usages vertueux du covoiturage.

Le covoiturage est développé en complémentarité plutôt qu’en concurrence avec les transports publics, via une politique de déploiement et d’incitation ciblée. Cette approche garantit que les subventions ne sont pas majoritairement perçues par des personnes qui covoituraient déjà ou par des usagers pour qui les transports publics classiques sont préférables du point de vue de la politique publique.

D’un point de vue opérationnel, les différents modes de covoiturage sont pensés ensemble et articulés pour apporter des solutions lisibles et pertinentes aux usagers. Le SMMAG cible ainsi les zones où il souhaite développer la pratique du covoiturage et pilote sa politique de mobilité en articulation avec les autres modes de transport.

Le ciblage des incitations au covoiturage, notamment depuis le périurbain vers les zones d’emplois, a été une véritable modèle pour les autres collectivités (sur les distances minimales, l’exclusion des axes bien desservis par les transports en commun…).

De la construction d’une territoriale à la coopération multi-acteurs

Le Syndicat Mixte des Mobilités de l’Aire Grenobloise (SMMAG) rassemble les AOM de la Métropole de Grenoble, de la Communauté de communes du Grésivaudan et de la Communauté d’agglomération du Pays Voironnais ainsi que le département de l’Isère. Cette unité territoriale permet de penser les déplacements non pas en termes de délimitations administratives mais selon les bassins de vie et les pratiques de déplacements des habitants.

Cette coopération multi-acteurs se traduit également à l’échelle des opérateurs de mobilité puisqu’Ecov a remporté le marché M covoit’ Lignes+, ainsi que deux des trois lots du marché concernant M covoit’ Pouce. Et travaille donc en bonne entente avec Karos pour l’articulation avec le Service M covoit’ RDV.

Un service public innovant fondé sur les infrastructures existantes

La force de l’écosystème M covoit’ réside également dans sa faculté à s’appuyer sur des infrastructures existantes pour développer des services innovants. Des tronçons routiers sont notamment partiellement réservés aux voies de covoiturage.

Les lignes de covoiturage entre le Pays Voironnais et Grenoble peuvent ainsi bénéficier des effets de la voie réservée aux covoitureurs de 8 km sur l’A48, activée en cas de congestion aux heures de pointe. Elle doit permettre de gagner environ 10 minutes par rapport à un usage solo de la voiture. Après une phase d’expérimentation depuis 2020, la voie réservée doit produire tous ses effets au cours des prochaines années.

Un exemple qui existe ailleurs et que l’on peine pourtant encore à développer en France…

M covoit’ Lignes+, le nouveau transport en commun pour des milliers d’habitants

Bilan de cette politique ambitieuse ? Aujourd’hui, plus de 2500 personnes ont déjà contribué à l’offre de transport en prenant un passager ou en proposant leurs sièges libres en temps réel sur l’application. Et près de 1000 personnes ont déjà utilisé le service comme passager.

“Nous sommes fiers des premiers résultats obtenus, et nous tournons surtout vers l’avenir : les lignes M covoit’ Lignes+ vont devenir au cours des prochaines années le nouveau transport en commun quotidien pour des milliers d’habitants du territoire. Nous sommes heureux de les opérer pour le SMMAG, qui déploie une politique de mobilité partagée très innovante et ambitieuse. Il s’agit d’un exemple à suivre partout en Europe !” 

Thomas Matagne, Président fondateur d’Ecov

Sur les lignes M covoit Pouce, 300 trajets sont effectués chaque semaine par des passagers depuis les arrêts équipés de panneaux lumineux à boutons poussoirs. En 2023, le temps d’attente moyen des lignes du Grésivaudan et du Voironnais était inférieur à 3 minutes.

« Après une première période d’expérimentation marquée par la crise Covid, la fréquentation du service se développe rapidement depuis septembre 2021. Nous sommes en train de construire un nouveau transport en commun à haute fréquence pour les habitants des territoires voisins de Grenoble. Les lignes M covoit’ sont de mieux en mieux connues et ont une image très positive parmi les habitants. Ces quatre prochaines années seront celles de la massification de l’usage”

Luc Rémond, Vice-président du SMMAG délégué au covoiturage et aux nouvelles mobilités

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