Les Services Express Routiers (S.E.R)

Les Services Express Routiers, alliance des lignes de car express et des lignes de covoiturage express, offrent une alternative concrète à la voiture individuelle qui peut être mise en place rapidement au service des collectivités. C’est une rupture majeure, la route et la voiture peuvent faire partie de la solution – à condition d’être partagées.

Qu’est ce que c’est ?

Les Services Express Routiers (S.E.R) sont une offre conjointe de lignes de car express et de lignes de covoiturage express, en rabattement ou sur un même axe.

Cette offre conjointe a vocation a être déployée au sein des aires d’attraction des grandes villes, mais également en dehors, dans les territoires qui ne sont pas dotés d’étoiles ferroviaires.

Quel est l’intérêt des Services Express Routiers ?

Les lignes de covoiturage permettent de compléter le maillage territorial là où les flux sont trop faibles pour justifier de la mise en place d’une ligne de car express à haute fréquence. Une ligne de covoiturage peut ainsi être déployée dans le prolongement d’une ligne de car express : en rabattement vers cette dernière ou en diffusion vers des zones d’emplois de première couronne sans rupture de charge par le centre d’agglomération. Elle facilite ainsi l’accès à de nouvelles origines-destinations et peut aussi permettre de desservir des arrêts intermédiaires non desservis par le car qui doit rester ‘express’.

Exemple concret en périphérie de Grenoble : la ligne de covoiturage express entre Saint-Martin d’Uriage et Saint-Martin-d’Hères dessert des zones où l’offre de transport en commun était jusqu’alors limitée. Dans ce cas, la ligne de covoiturage permet d’étendre le domaine de pertinence géographique du car express sur des origines – destinations où les flux sont moins importants.

La présence conjointe d’une ligne de car express et d’une ligne de covoiturage sur le même axe permet de renforcer la qualité globale de l’offre pour les usagers. Quand un car express n’est pas suffisamment fréquent, il peut être renforcé par une ligne de covoiturage pour augmenter la fréquence de passage. En cas de défaillance d’une ligne de car express, les usagers peuvent se rabattre sur la ligne de covoiturage et inversement, s’il n’y a pas de conducteur disponible sur la ligne de covoiturage, les usagers peuvent se rabattre sur la ligne de car express.

Exemple concret en périphérie de Lyon : les liaisons de Bourgoin-Jallieu et Villefontaine vers Lyon Mermoz sont desservies par des lignes de car aux aires de chalandises similaires à la ligne de covoiturage Lane : la ligne X05, qu’un nombre important d’arrêts rend peu compétitive pour aller jusqu’à Lyon et les lignes X06 et X07, cadencées toutes les 20 minutes le matin vers Lyon. Les usagers peuvent choisir ou alterner entre les lignes de covoiturage, dont le temps d’attente moyen est de 4 minutes, et les lignes de car express.

💡 Plusieurs modes sur un même axe : complémentarité ou concurrence ?

Dans les zones urbaines denses, la redondance des modes de transport sur un même axe — métro, tramway, bus, vélo, itinéraire piétons — est depuis longtemps reconnue comme un facteur de qualité et de résilience. Elle permet de limiter la dépendance à la voiture en assurant une continuité de service en cas de perturbation et en répondant à des usages variés.

En dehors des zones denses, cette logique est beaucoup moins appliquée. Pourtant, les travaux sur la robustesse des systèmes de transport, la résilience des réseaux ou encore la qualité perçue des services convergent : la présence de plusieurs modes sur un même axe renforce la fiabilité globale du système.

Déployer, sur un même corridor, un train, un car express et une ligne de covoiturage, ce n’est pas faire double emploi — c’est créer un panel d’offres de mobilités qui permet à l’usager de composer selon ses contraintes : horaires, fréquence, flexibilité. C’est aussi assurer une continuité en cas de saturation ou de défaillance d’un des modes. Et c’est, pour les territoires, un levier de résilience dans un contexte d’incertitude croissante.

À l’inverse, dans les zones denses bien desservies en transports en commun, la voiture, même partagée, apporte rarement une valeur ajoutée. Développer le covoiturage en zones denses, comme cela est observé dans certaines métropoles, risque plutôt d’affaiblir les lignes de bus ou de tram existantes, en remettant des voitures dans des zones où l’essentiel est déjà là : fréquence, régularité, maillage.

En résumé : hors des zones denses, il faut plus de redondance pour garantir des alternatives fiables à la voiture solo, et la voiture partagée fait partie du système multimodal. Dans les zones denses où ces alternatives existent déjà grâce à des modes collectifs classiques (bus, tram, métro….) et actifs (vélo, marche…), développer le covoiturage ne semble pas souhaitable.

Pour les opérateurs de transports et pour les collectivités, le déploiement des S.E.R permet d’adapter le nombre de sièges mis à disposition au volume du flux. En heure de pointe par exemple, la mobilisation d’un car supplémentaire peut s’avérer coûteuse; dans ce cas-ci, la présence d’une ligne de covoiturage peut permettre de gérer efficacement le flux de voyageurs tout en garantissant que les modes déployés soient bien remplis. De même, lorsque le volume est trop important pour assurer une qualité de service élevée avec une unique ligne de covoiturage, il devient pertinent de mobiliser un car express. Cette logique s’applique aussi pour accompagner la montée en charge: il peut être intéressant de proposer au début une ligne de covoiturage qui atteindra une efficacité économique et écologique rapidement et qui permettra d’accompagner les premiers changements de comportements pour ensuite mettre en place une ligne de car express en doublon.

Exemple concret en périphérie de Grenoble : sur la ligne de car express X01 qui circule sur la Métropole de Grenoble, sur le tronçon Hôtel de Ville – Bernin les Cloyères, en heure d’hyper pointe sur une fenêtre de temps très réduite, le service ne permet pas de répondre à la demande. Plutôt que de renforcer l’offre de car, ce qui nécessiterait d’ajouter des véhicules seulement pour un aller par jour (avec un coût élevé et une faisabilité technique limitée), l’offre de lignes de covoiturage express permet d’augmenter la capacité d’emport, et de réduire le temps d‘attente d’usagers qui font face à des cars saturés et doivent attendre le suivant.

Les collectivités et les opérateurs de transports collectifs peuvent également mutualiser les moyens d’exploitation des lignes et donc amortir certains coûts fixes.

Les Services Express Routiers, complémentaires du train et du vélo

Dans ce cas-ci, la même logique s’applique, le train étant le mode le plus capacitaire.

Les S.E.R permettent d’étendre la couverture des transports collectifs à des axes et des communes qui ne disposent pas d’infrastructures ferroviaires. Sur un même corridor, l’offre de S.E.R peut permettre de renforcer la qualité globale du système multimodal en permettant aux usagers de patienter le moins possible et de se reporter vers un autre mode en cas de défaillance du train. Pour les opérateurs de transport et pour les collectivités, on retrouve les mêmes logiques d’efficacité économiques et écologiques grâce à la maximisation du taux d’occupation de tous les modes en fonction du volume de flux.

Les S.E.R complètent également les lignes express vélo en offrant une solution aux usagers qui parcourent quotidiennement de longues distances (plus de 10 à 15 km) : ils peuvent ainsi rejoindre plus facilement un arrêt de transport en commun pour poursuivre leur trajet. Dans ce cadre, il est intéressant de penser l’aménagement de voies cyclables sécurisées en parallèle de l’aménagement des arrêts de lignes de covoiturage et des arrêts de lignes de car express pour optimiser et sécuriser au mieux le parcours intermodal vélo-transport collectif. 

Le potentiel des Services Express Routiers

Ecov a développé un outil d’étude du potentiel des S.E.R. L’analyse porte sur 700 pôles urbains et 8 000 corridors pénétrants à l’échelle métropolitaine.

Visualisation du potentiel de couverture hors Ile de France d’un système de transport collectifs express. Source: Ecov, modèle MSER, scénario central.

L’émergence des SER a permis une révolution : celle de l’intégration de la voiture au système multimodal. Cette révolution va permettre d’offrir des alternatives concrètes à la voiture individuelle dans des milliers de territoires mais aussi accompagner la nécessaire transition du parc automobile notamment face au développement rapide du véhicule autonome ces derniers mois.

(1) – Réseau TER SNCF, GTFS data 2024. L’existence d’une ligne de train express signifie qu’il y a une offre supérieure à 1 train par heure pendant les trois heures de pointe du matin.

(2) – Réseau TER SNCF, GTFS data 2024. L’existence d’une ligne de train express signifie qu’il y a une offre supérieure à 1 train par heure pendant les trois heures de pointe du matin.

(3) – Données Mobpro 2020, Insee.

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