Mobilité durable et décarbonation en zones rurales et périurbaines : quelles solutions concrètes ?
Paroles d’expert Comment libérer la France de l’assignation au volant ? À l’occasion du salon European Mobility Expo 2024, Sylvain
Lane est le premier réseau de lignes de Covoiturage à Haut Niveau de Service (CoHNS) reliant une métropole. Grâce à une performance comparable à un tramway entre Bourgoin-Jallieu et Lyon, la fréquentation décolle. Le service démontre que le covoiturage en temps réel peut changer la donne pour réduire la dépendance à la voiture individuelle.
Lancées par Ecov en 2018 avec la Métropole du Grand Lyon et la Communauté d’Agglomération Porte de l’Isère, les lignes Lane visent en priorité les salariés de l’Est Lyonnais. Les actifs directement concernés par un usage des lignes en tant que passagers habitent autour de Bourgoin-Jallieu et de Villefontaine et travaillent à proximité des arrêts de covoiturage Lyon Mermoz, St-Priest Parc Techno et Aéroport Lyon St Exupéry.
Ils sont environ 500, 1300 en prenant en compte un périmètre élargi.
Lane leur propose une solution alternative à la voiture individuelle pour les trajets mal desservis par le train ou le bus.
Objectif : décongestionner l’autoroute A43 aux heures de pointe.
Les lignes de CoHNS reprennent les codes des transports en commun. Comme les bus à haut niveau de service, elles se différencient par leur niveau de fréquence, de régularité et d’information aux voyageurs*.
Le réseau Lane compte trois lignes principales reliant le sud-est de Lyon à Bourgoin-Jallieu. Au total, 5 arrêts jalonnent le tracé ; ils sont aménagés avec du mobilier et des infrastructures dédiés pour faciliter la rencontre entre les usagers.
Une application mobile et des panneaux lumineux permettent de signaler aux automobilistes, les demandes de trajet des passagers. Lane leur garantit un départ après quelques minutes d’attente seulement. Après plusieurs mois de montée en charge, le service a atteint une performance élevée.
En moyenne le temps d’attente à l’arrêt est de 4 minutes seulement !
Grâce aux 200 conducteurs qui proposent leurs sièges libres chaque jour, plus de 90% des passagers partent en moins de 10 minutes sans avoir réservé au préalable. En volume, l’offre de transport équivaut à celle de 12 cars par jour. La fréquence de passage élevée se rapproche, elle plutôt, de celle d’un tramway ou d’un métro. Le taux de recours à la garantie départ, opérée par des taxis et VTC partenaires, est en diminution continue, en dessous de 2 %.
Après une fermeture pendant le premier confinement, l’évolution du nombre de trajets covoiturés sur le réseau Lane a suivi une progression régulière malgré la crise sanitaire. Il a retrouvé en septembre 2021, un niveau équivalent à la période pré-covid, soit 200 passagers transportés en moyenne par semaine. Une tendance qui illustre la robustesse du service et son attractivité auprès de la population.
Depuis, l’usage connaît une forte accélération. En mars 2022, le nombre de passagers a été multiplié par deux, atteignant 450 trajets covoiturés chaque semaine. De nouveaux records de fréquentation sont enregistrés chaque mois.
Le réseau compte plus de 12 000 inscrits. Le potentiel de croissance est élevé : avec le déploiement de nouveaux arrêts et la mise en place progressive de contraintes sur l’usage du véhicule individuel, l’objectif est de décupler l’usage au cours des prochaines années.
Les motivations et les bénéfices associés à la pratique du covoiturage sont nombreux.
Dans le contexte actuel de flambée des prix du carburants, l’aspect économique est souvent le premier évoqué. Un passager Lane économise en effet 300 euros par mois (pour le péage et le carburant) par rapport à une utilisation de la voiture individuelle. Le gain financier se vérifie aussi pour le conducteur qui est indemnisé pour les trajets qu’il propose et pour chaque passager qu’il transporte. Avec le système de partage de frais, il peut économiser 150 euros par mois**.
Réduire ses frais de mobilité donc mais pas seulement. Moins d’embouteillages et de temps perdu, et surtout moins de pollution et d’émissions carbone. Chez Ecov nous en sommes convaincus, l’augmentation du taux d’occupation des véhicules est l’une des clés de la transition écologique et solidaire.
D’ailleurs, le moteur des usagers du service est souvent la convivialité et l’entraide. Les « Laners » vous le diront, ce qu’ils apprécient le plus c’est avant tout le contact et l’esprit de communauté.
Les Laners s’inscrivent généralement en tant que conducteurs avant de tenter l’expérience comme passagers et de laisser leur voiture au garage ponctuellement voire définitivement. C’est le cas d’Elodie qui raconte avoir vendu sa voiture depuis qu’elle utilise Lane. Selon l’enquête d’impact Ecov réalisée en 2022, 21% des Laners ont décidé de réduire le nombre de véhicules dans leur foyer grâce au service et 21% supplémentaires l’envisagent.
Moins de 4% des usagers Lane covoituraient avant la mise en place du service. Ils utilisaient majoritairement la voiture individuelle pour leur trajet domicile-travail.
Pour lever les freins à la pratique du covoiturage quotidien, Ecov a conçu un service qui permet de se déplacer sereinement sans réservation ni contrainte. C’est ce parcours usager fluide qui permet l’évolution des usages.
Ces changements de comportement s’accompagnent dans la durée. Depuis 2014, Ecov a développé un réel savoir-faire en la matière et s’appuie sur ses équipes pluridisciplinaires pour déployer des actions digitales ou de terrain. Le contact humain est au cœur de l’approche. Donner le « réflexe covoiturage » aux citoyens est notamment le travail conjoint des développeurs de communautés, de l’équipe d’assistance téléphonique et des communicants.
Ecov propose un pilotage agile de l’exploitation du réseau. Un suivi qualitatif et quantitatif de l’usage au quotidien permet aux équipes d’ajuster les incitations financières, les garanties et la communication en fonction des besoins pour un usage maximisé et un coût de production optimisé.
La mobilisation des sièges libres en temps réel est un champ d’innovation majeur, qui vise à repenser radicalement le système routier, pour le transformer en un réseau de transport collectif ultra-performant. Avec des degrés de maturité différents selon les territoires, c’est ce que développent les collectivités avec qui Ecov a déployé une cinquantaine de lignes de covoiturage en France.
*Sur les lignes bénéficiant de voie réservée au covoiturage, le CoHNS se distingue également par sa vitesse accrue.
**Économies moyennes pour une personne qui va travailler 5 jours par semaine.
*Sur les lignes bénéficiant de voie réservée au covoiturage, le CoHNS se distingue également par sa vitesse accrue.
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