Thomas Matagne : “Avec France Covoit, citoyens et collectivités inventent la mobilité de demain”

Tribune de Thomas Matagne, président-fondateur d’Ecov.

« Alors que l’électrification monopolise souvent les discussions sur la décarbonation du transport routier, d’autres solutions, telles que le covoiturage, restent largement sous-estimées. Pourtant, la transition ne peut aboutir sans les leviers de la sobriété, parmi lesquels l’augmentation du taux d’occupation des voitures dans les territoires. C’est notre mission chez Ecov : déployer et opérer des lignes de covoiturage pour transformer la voiture en transport collectif.

Le plan national pour le covoiturage du quotidien, annoncé par le gouvernement en décembre dernier, intégrait une mesure que nous considérons comme un tournant pour le développement du covoiturage dans les zones peu denses : le financement de projets portés par les collectivités grâce au Fonds Vert. Le vrai progrès, bien que peu médiatique, était là : enfin des moyens pour la mobilité hors des centres-villes !

Transformer la prime covoiturage en levier pour la transition

Une autre mesure du même plan, bien plus médiatisée, concernait le versement d’une prime de 100€ aux conducteurs qui réaliseraient dix trajets via une plateforme de covoiturage. Un mécanisme financé par le dispositif gouvernemental des Certificats d’économie d’énergie (CEE). Ce qui est moins connu, c’est que chaque plateforme reçoit une somme équivalente (et même supérieure). Une marge confortable, payée par les Français sur leurs factures énergétiques via le coût des CEE répercutés par les énergéticiens…

Pour faire de ce dispositif un outil de transition juste et structurelle, Ecov a eu une idée : France CovoitUne application de certification de trajets covoiturés permettant aux conducteurs de toucher une prime covoiturage augmentée à 150€ tout en encourageant le développement d’un véritable système covoiturage sur leur territoire.

Des covoitureurs sur le territoire, des études pour la collectivité !

France Covoit bénéficiera, bien sûr, aux covoitureurs du quotidien, conducteurs et même passagers ! Mais nous l’avons aussi (et surtout !) pensée pour les pilotes des politiques structurelles indispensables à la transition : les collectivités. Comment ? Simplement en ramenant notre marge à un niveau correct et en redistribuant l’argent de façon juste.

France Covoit vise à construire le système covoiturage de demain. Les collectivités pourront mobiliser une enveloppe mise à leur disposition à partir de 200 habitants du territoire bénéficiaires (10€ par prime versée) pour réaliser des études de potentiel de covoiturage et acquérir une meilleure connaissance des usages sur leur territoire.

Mais plus encore, France Covoit pourra apporter les données des utilisateurs (qui le souhaiteront, bien sûr, dans le respect RGPD), pour que celles-ci participent à la construction d’un bien commun numérique plutôt que de les voir privatisées par des plateformes.

France Covoit est déployé pour que l’usage individuel de la voiture ne soit plus une fatalité dans la France rurale et péri-urbaine. La sobriété énergétique est une organisation collective qui permet à chacun de vivre mieux en consommant moins. Ce n’est pas l’individu qui choisit, mais le collectif. Il faut adapter les infrastructures, proposer des services, organiser la communication et la norme sociale… bref, il faut construire un “système covoiturage”, comme il existe un système vélo ou un système ferroviaire.

France Covoit va enfin permettre aux citoyens d’aider Ecov à construire de nouveau mode de transport, dans l’intérêt général et toujours sous pilotage de l’action publique.

Ecov poursuit son ambition : faire de la voiture un transport collectif. »

(1) Application des règles minimales de redistribution pour la « prime 100€ » permise par la fiche CEE « covoiturage courte distance » bonifiée avec l’opération « coup de pouce » prévue à l’arrêté du 26 septembre 2022 modifiant l’arrêté du 22 décembre 2014. Cas pour un conducteur qui réalise 10 trajets valides en 3 mois. Hypothèse de conversion à 5,5€ par MWh de CEE généré.
(2) Cas d’un conducteur qui réalise au moins 10 trajets en 3 mois et d’un passager qui réalise au moins 10 trajets en 3 mois. Hypothèse de conversion à 5,5€ par MWh de CEE généré

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